Le marché des cours particuliers est en plein développement dans toute l'Europe. Et même si les cours "au noir" se taillent encore largement la part du lion, les entreprises privées de soutien scolaire prospèrent dans de nombreux pays.
Un marché de plusieurs milliards d'euros
Un rapport, remis en juin dernier à la Commission Européenne, a permis de chiffrer et d'estimer le poids économique de cette ' éducation de l'ombre ' : 2,2 milliards d'euros en France, 1 milliard en Allemagne, 950 millions en Grèce ou encore 400 millions en Italie.
L'activité semble être partout en constante progression, avec parfois des taux de croissance annuelle à 2 chiffres, comme c'est le cas en France (10%).
Et les entreprises privées ne sont pas en reste. Acadomia, leader sur le marché français avec un chiffre d'affaires de 110 millions d'euros, revendique ainsi jusqu'à 80 000 élèves. Les campagnes de recrutement de professeurs, régulièrement lancées et mises en avant par l'organisme et ses concurrents, viennent confirmer que le secteur a le vent en poupe. Ainsi, Complétude a embauché plus de 18 000 intervenants l'an dernier.
Au Nord comme au Sud
Très répandu en Asie, le soutien scolaire est arrivé en Europe par l'Est après la disparition de l'URSS. Les enseignants, peu rémunérés, trouvaient dans les cours particuliers une source de revenu non négligeable. La crise, les difficultés d'insertion professionnelle des jeunes et la course au diplôme ont fini par provoquer un véritable engouement.
Ainsi, en Europe du Sud, les familles, peu confiantes dans leurs systèmes éducatifs, sont grandes consommatrices de cours particuliers. Et les chiffres fournis par le rapport de la Commission Européenne sont parlants : l'équivalent de 20% du budget de l'éducation serait investi par les parents grecs et chypriotes uniquement pour le soutien scolaire. Même les pays du Nord de l'Europe, malgré leurs systèmes éducatifs performants, sont demandeurs, toutefois dans des proportions moindres.
Des clients recrutés parmi les bons élèves
Ce qui est aussi frappant, c'est l'origine des élèves qui prennent des cours particuliers. En effet, ce ne sont pas les enfants les plus en difficulté qui sont les plus demandeurs. Ainsi, une étude réalisée pour le Haut Conseil de l'Evaluation de l'Ecole, montrait, il y a déjà quelques années, que 25% des "bénéficiaires" du soutien scolaire étaient de bons voire même de très bons élèves.
Loin de combler les défauts des systèmes éducatifs européens, cette pratique semble plutôt contribuer à accentuer les inégalités scolaires. Car ce sont avant tout les familles urbaines et issues des catégories sociales les plus élevées qui font appel au soutien scolaire. Il est d'ailleurs intéressant de constater que ces familles sont aussi souvent celles qui ont fait le choix d'inscrire leurs enfants dans l'enseignement privé. Il s'agirait alors pour elles de conforter l' "avantage compétitif" de leurs enfants, pourtant déjà élèves privilégiés.
Conscients de cet état de fait, certains prestataires commencent à cibler les parents moins aisés, en proposant des cours en ligne, plus courts et moins chers qu'en face-à-face.
Chiffres clés, contexte économique et politique : toutes les infos pour comprendre le marché européen
Une question ? Les experts SVP vous répondent