Créée en février 2016, Earthcube développe des solutions pour la surveillance des sites et des infrastructures. A partir de modèles mathématiques et d'algorithmes utilisant l'intelligence artificielle, elle automatise l'analyse de l'imagerie satellitaire permettant ainsi d'optimiser la surveillance d'infrastructures sensibles.
La surveillance qui vient du ciel
En combinant l'analyse de l'imagerie satellitaire, de la photographie aérienne et des images relevées par drones, Earthcube donne les moyens aux grandes entreprises et aux institutions de détecter des menaces extérieures ou intérieures avec une très grande précision. La surveillance des sites sensibles (pétrolier, nucléaire, défense, industrie stratégique…) est ainsi grandement facilitée par une automatisation de l'analyse des sources multiples.
Arnaud Guerin, l'un des deux cofondateurs, déclarait récemment, qu'avec l'arrivée des satellites espions européens, une équipe d'analystes pourra, en l'état des outils actuels, traiter moins de 10 % des flux alors que la rapidité de réaction et d'intervention est essentielle dans ce domaine d'activité.
Le secteur de la défense, premier client
La rencontre d'Arnaud Guerin, travaillant sur des projets industriels chez Orano (ex-Areva), avec Renaud Allioux, qui ne trouvait pas chez Airbus l'écho satisfaisant à ses projets de solutions d'observation de la terre, a généré l'idée de l'entreprise.
Aujourd'hui, elle voit naturellement son avenir au sein des services de défense européens. Elle vient d'ailleurs de signer un contrat avec la Direction du renseignement militaire pour une solution de " traitement automatisé des images issues des satellites espions capable de remonter des alertes en cas de détection d'activité suspecte dans des zones de crise ". Mais elle ne veut pas se limiter au secteur de la défense française et européenne et propose aussi des solutions à destination des industriels du monde entier.
Une concurrence frontale américaine
Les dirigeants se positionnent en tant " qu'alternative non américaine d'analyses de données " en affirmant que les services de renseignements européens sont tout à fait capables de faire largement aussi bien. Et c'est pourtant la startup américaine Palantir, spécialisée dans l'intégration et l'analyse des données de sources multiples (structurées, relationnelles, temporelles…) qui est leur modèle. En effet, malgré la polémique sur l'implication de celle-ci dans l'affaire Cambridge Analytica notamment, Palantir a su montrer, aux yeux des dirigeants d'Earthcube, une capacité à devenir l'égal des grands dans un secteur pourtant difficile d'accès.
Américains aussi, Orbital Insight et Space Know sont les principaux concurrents de la startup. La première se définit comme la société qui permet de comprendre les tendances mondiales et nationales grâce au traitement avancé des images et à la science des données à l'échelle du pétaoctet. Rappelons qu'un petaoctet correspond à un million de milliards d'octet (1015 octet). Space Now, pour sa part, prétend permettre aux décideurs d'effectuer des analyses planétaires à très grande échelle à partir d'un moteur d'analyse doté d'une intelligence artificielle, associé à la collection d'images d'observation de la Terre la plus complète au monde. Les deux sociétés propose donc une offre similaire à celle d'Earthcube, l'analyse d'une masse de données issues de l'imagerie pour la compréhension et la détection d'évènements sur un site ou un lieu.
La défense, les renseignements et l'industrie
En octobre 2017, au sein de l'incubateur Midi-Pyrénées et membre du réseau Greentech du ministère du Développement Durable, elle bouclait une levée de fonds de 3 millions d'euros, avec l'entrée à son capital de la société d'investissement 360 Capital Partners. Grace à cet apport, l'entreprise a pu recruter des collaborateurs et déclare aujourd'hui une quinzaine de salariés.
Démonstration de son éclectisme, elle est membre du Club Phoenix, un think tank où se rencontrent les acteurs de la recherche stratégique de défense en sciences humaines et sociales. Elle était également présente, en octobre 2018, au salon SIG où sont présents les acteurs et utilisateurs de systèmes d'information géographique ainsi qu'aux SatCen Industry Days qui rassemblent les spécialistes de l'observation de la terre, ces deux évènements étant à vocation majoritairement civile.